• Top et flop (partie 2)

    Mon chéri profite de la période estivale pour nouer contact avec une nouvelle créature du site. La conversation est plutôt fraîche et détendue pendant quelques semaines, puis l’ombre d’une rencontre réelle commence à poindre quand la demoiselle pose des conditions générales strictes. Bien sûr, elle ne peut ni recevoir, ni se déplacer elle ne propose pas de participer aux frais et ne souhaite pas non plus venir à mi-chemin. Elle stipule que jusqu’au dernier moment, elle ne s’obligera à rien et que même « au bord du lit, la culotte en bas des chevilles, elle peut décider de partir ». Mon chéri est un gentleman, il est totalement en accord avec ce principe mais pas de manière unilatérale. Il répond qu’il n’y a aucun souci et que bien entendu chacun est libre de ses envies jusqu’au dernier moment et que lui aussi peut décider de partir à la dernière minute. Depuis plus aucune réponse, apparemment cette règle ne valait que pour elle !

    J’ai du mal à admettre que la situation des femmes seules soit aussi douloureuse qu’elles le prétendent. J’ai du mal à comprendre toute la compassion que l’on a pour elles ; chacune de leur récrimination est suivie d’une multitude de messages de soutien, les hommes et les couples sont-ils débiles ou totalement malhonnêtes pour abonder ainsi à leurs coups de gueule incessants ? Espèrent ils qu’être lèche cul dans le virtuel permettrait de le devenir dans le réel ? Mesdames, vraiment, veillez à ce que la flatterie perpétuelle de vos égos ne vous monte pas à la tête ! Être jolie, quand c’est réellement le cas, n’empêche pas d’être polie ! je pense que le monde du libertinage offre des possibilités différentes pour les femmes, les hommes et les couples. Chacun en tire des avantages et des inconvénients. Je pense que le profil solo qui a le plus de difficultés à tirer son épingle du jeu ce n’est pas celui de la femme.

    Au printemps, un apéro libertin est organisé à Paris. La photographie et les photographes sont à l’honneur de cette soirée. On y retrouve Anne, Simon et d’autres amis. Notre première aventure photographique nous a laissé un goût amer. Notre naïveté et notre ignorance des droits  professionnels de ce monde-là ont laissé à ce souvenir une profonde déception. Nous avons eu le sentiment d’avoir été floués et nous sommes désormais très méfiants face aux objectifs. Mais une discussion avec Dan va nous faire changer d’avis. Il a des arguments qui nous inspirent confiance, il nous convainc. Nous nous donnons rendez-vous dans son studio quelques semaines plus tard. 

    Dans la rue, la chaleur est écrasante, j’ai l’estomac noué comme d’habitude. J’entre pleine d’appréhensions, mais immédiatement, la fraîcheur du studio et la douceur de Fya, la muse de Dan, m’apaise. C’est un moment sympa comme une après-midi entre amis. Guidés par leur professionnalisme, nous nous laissons porter. Elle connait les pauses avantageuses, il aiguise un œil artistique extraordinaire. Nous savourons leur passion, leur expérience et surtout leur bienveillance. Ils prennent le temps de nous chouchouter, ils sont à la fois à l’écoute de nos demandes, respectueux de nos envies et regorgent de propositions originales. Entre leurs mains, on se sent bien. Nous repartons avec de magnifiques clichés pleins d’émotions. Nous leur avons confié notre amour, ils l’ont transcendé.

    Le libertinage est devenu une philosophie de vie bien plus qu’une sexualité. Il m’a aidée à prendre confiance en moi et à m’accepter, il a incontestablement fait évoluer mon rapport à la pudeur et à la nudité. Mes partenaires m’ont appris à lâcher prise, à être mieux connectée aux autres et à moi-même.

    Il nous a embarqué dans un tourbillon de vie et de plaisir, de rires et de délires, de liberté et de découvertes. Il nous a permis de rencontrer des personnalités riches et variées venant de milieux inconnus pour nous, jamais dans notre cercle d’amis ordinaires, nous n’avions rencontré, des céréaliers, des tatoueurs, des créateurs de bijoux… Les libertins nous ont enrichis de leurs expériences sexuelles mais aussi humaines, professionnelles et spirituelles.  Enfin, le libertinage nous a ouvert les portes d’univers parallèles : le naturisme et les shootings. Jamais dans notre vie d’avant, nous aurions imaginé prendre la pose devant un photographe comme des stars.

    Nous inaugurons notre nouvel appartement avec une formule inédite : un apéro libertin. Nous essayons de compenser l’esprit « bar libertin » qui n’existe pas dans notre région.  Le bar libertin offre une liberté et une sérénité qui n’existe pas en club ou en soirée. Quand le « jeu » est impossible, on s’attache à découvrir les personnalités, les caractères et les esprits. Le corps passe à l’arrière-plan, on peut discuter tranquillement et sans pression. Lors des multis, je crains souvent d’entamer une discussion avec des hommes qui physiquement pourraient ne pas me plaire. J’ai le sentiment qu’accepter de discuter engage dans une suite physique à laquelle je refuse d’être condamnée. Souvent, je bas en retraite pour ne pas laisser des espoirs que je ne serai pas capable d’honorer. Souvent aussi, la musique est si forte que j’ai besoin de mon mari pour jouer l’interprète et cela empêche la spontanéité de la discussion. Bref, alors que bavarder est mon activité favorite, je m’en empêche quand je ne suis pas certaine de maîtriser la situation. Nous sommes allés à des apéros libertins à Paris, dans l’esprit de rencontres photographiques et nous avons adoré cette formule. Seuls la distance et le soir de semaine nous découragent d’y aller régulièrement. Nous décidons donc d’en organiser un nous-mêmes.

    Je me suis laissée emporter par le flot des invitations et mon mari s’inquiète, il n’imagine pas qu’une trentaine de personnes pourront tenir dans notre salon. Je calcule virtuellement l’emplacement de tous les invités et je suis très optimiste, pour moi : ça passe large ! Et effectivement, entre ceux qui trinquent le long du bar, ceux qui grignotent dans la cuisine, ceux qui discutent dans le salon, ceux qui se séduisent en regardant par la fenêtre et ceux qui se chauffent en fumant dans la cour, trente personnes évoluent parfaitement dans notre salon. C’est une soirée très réussie, certains l’ont trouvée un peu frustrante mais le cadre était posé ainsi et rien n’interdisait de poursuivre ailleurs. Dans une ambiance auberge espagnole, nous avons permis de jolies rencontres et de folles retrouvailles, notre souhait a été exaucé. Nous avons pris soin d’avertir nos voisins que la soirée serait un peu bruyante et qu’il y aurait des allers et venues dans les escaliers. J’ai pris comme prétexte que je fêtais mon anniversaire. En arrivant Yohel et Adrien croisent ma voisine qui leur ouvre la porte et leur souhaite une bonne soirée d’anniversaire. Comme ils ne sont pas au courant de mon petit mensonge, ils prennent leur tête la plus éberluée et rétorquent qu’il ne s’agit pas d’un anniversaire ; heureusement ils n’en disent pas davantage !

    Au cœur de l’été, nous sommes invités à une soirée « années 80 ». J’aime cette musique mais je déteste les déguisements et les organisateurs nous ont assurés qu’il n’en était pas question. Mon chéri enfile son plus beau costume, moi une robe noire et nous voilà partis. Le lieu de la fête est niché au fond d’une zone industrielle dans un endroit improbable. Nous sommes perplexes en suivant le GPS mais en arrivant c’est un enchantement. C’est magnifique ! Je tente un nœud de cravate à la hâte sur le parking, nous sommes déjà très en retard et je ne suis pas douée. Après plusieurs essais infructueux, on capitule et c’est une bénédiction ! Nous faisons une arrivée très remarquée, certains nous en reparleront même dans quelques temps. Les collants fluo, les cravates à paillettes, les lunettes dorées font rage. Nous ne sommes décidément pas dans le thème ! Mais au-delà de ce décalage, je sens surtout que ma turbine d’excitation restera au point mort. Certains se trémoussent en joggings aérobics, c’est amusant mais pas séduisant. Je devine que cette soirée sera uniquement dansante pour moi.

    Pourtant, j’entrevois Niko avec qui j’ai un peu discuté déjà. Il ne rentre dans aucune des cases étriquées qui enferment les gens sans imagination. Il transgresse les normes établies : polyamoureux, anarel, sexpo, pansexuel, genderqueer, DomBrat… Il me fascine. Malheureusement, ce soir-là, il bouillonne sur la piste de danse et dans les coins câlins avec une telle énergie que je ne parviens pas à l’attraper. Mon attention absorbée m’a fait perdre de vue mon mari chéri. Je le cherche en vain. Je pense qu’il s’est éclipsé avec la belle Louise de notre petit groupe d’amis mais Louis, son mari me la montre seule et déchainée par la musique des années 80.  Mon mari est introuvable. Certes, comme toujours, nous avons convenu que chacun pouvait s’amuser librement mais sa disparition me jette dans un trouble affreux. Je le découvre enfin dans une petite alcôve dans les bras d’une magnifique créature qu’il a déjà commencé à effeuiller. Je viens timidement les embrasser, je tente de faire bonne figure mais une immense tristesse monte en moi. Je me sens abandonnée, je ne comprends pas pourquoi il n’est pas venu me prévenir. En me penchant contre lui, j’espère qu’il me demande de rester avec eux mais il est tout à sa nouvelle conquête, j’ai le sentiment de les gêner, je me relève et je pars. Je suis seule, j’erre dans le jardin illuminé, je fuis les autres, je veux que mon mari revienne maintenant. Il me manque, il est le seul à pouvoir m’apaiser, j’ai besoin de la chaleur de ses mains. Son absence laisse des bleus à mon âme et à mon cœur. Pourtant brusquement quand ses bras m’entourent à nouveau, une violente colère s’empare de moi, je lui en veux d’être parti sans m’avertir, de m’avoir exclue de leurs jeux. Je suis triste, je veux rentrer à la maison.

    Parfois, notre bonheur est bousculé dans des heurts et des erreurs. Parfois, grisés par la folie libertine, nous nous oublions mais un battement de cœur à tire d’aile pour réunit toujours dans un amour perpétuel.

    Nous allons bientôt revoir Tamara et Saul ! C’est une attente interminable ! Ils nous ont concocté un week end à Bourges. La destination ne fait pas rêver mais avec eux, tous les lieux deviennent extraordinaires. Nos retrouvailles se font sur la terrasse ensoleillée d’un restaurant. Avec effusion, nous embrassons toutes nos bouches sous la mine ahurie de nos voisins de table. Nous regorgeons d’aventures à nous raconter. Notre complicité totale et l’excitation de nos discussions suspendent le temps comme par magie. Nous commandons n’importe quoi, nous oublions nos voisins de table qui semblent se régaler davantage de nos bavardages fous que de leurs assiettes. Saul est à côté de moi, j’admire sa carrure de guerrier avec l’impatience d’être bientôt nue dans ses bras. Tamara est l’alliance de la bienveillance et de la sagesse, elle est inspirante. Elle est le guide de notre groupe, d’abord parce qu’elle organisé tout le week end comme une experte mais surtout parce que dans chaque situation, elle sait nous montrer le chemin, accueillir nos doutes et nous prodiguer d’excellents conseils.

    Après une jolie balade dans le quartier historique, nous découvrons le petit nid que Tamara nous a déniché. La décoration est chic et glamour, les chambres sont magnifiques et un vaste espace zen nous attend : un immense bain à remous et un écran géant ! Tous hurlent de joie, ils se réjouissent de profiter d’un match d’exception les pieds dans l’eau. Personnellement, et jusqu’à cet instant, je n’aime ni le rugby ni l’eau mais cette soirée va me faire changer d’avis !

    Nous ouvrons le champagne à quatre mains, nous trinquons à la vie. J’aime nos discussions, nos émotions, nos confidences, nos baisers et nos partages. Entre la légèreté des danses de nos corps et la fougue de nos désirs, nous allons bientôt perdre le fil du match. Je sens les doux baisers de Saul, j’entends ses compliments. Sur le canapé, je vois la fougue de mon mari et l’extase de Tamara, leurs gémissements m’excitent.  Cette connexion évidente nous fait perdre la notion du temps. Dans les éclairs de la nuit, je laisse mon corps flotter contre celui de Saul, nos désirs montent, je découvre un plaisir aquatique inédit, en apesanteur. Ses caresses sont furtives, l’eau me berce, les minutes s’allongent, je profite, il me fait découvrir mes capacités jouissives. La sensualité est un art de vivre. Désormais, mon mari me taquine. Il sait que j’aime l’eau avec Saul.

    Nous terminons les vacances dans le petit coin de paradis de Gadiel et Shana. Au fond de leur jardin, il y a des tapis sur le sol, des fauteuils dépareillés, un bain chaud, du houmous, des poules qui caquettent et des chiens que l’on rêve de ramener chez nous. C’est un décor de tente bédouine aux portes d’Eilat. C’est un après-midi tendre, sans sexe, avec des rires et de folles discussions. Chacun raconte ses vacances naturistes, on rêve de bronzer nus ensemble l’année prochaine. J’aime l’imparfait, le bizarre, le tordu et l’incongru. Toutes ces différences que les autres n’aiment pas, je les adore. Shana et Gadiel sont vivants, simples et amoureux. Ils sont authentiques, ils ne jugent pas. Ils ont les yeux qui brillent et savent s’ouvrir aux rencontres folles, ils sont l’inattendu et le déconcertant.  

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