• En route pour le Cap !

     

    Je suis ambivalente, quelques semaines auparavant, j’envisageais de quitter ce monde de luxure, aujourd’hui, je suis en route pour le Cap, partante pour explorer d’autres voies de plaisirs érotiques. D’abord parce que le libertinage me permet de sortir de ma zone de confort et de repousser mes limites. Plus à l’aise dans ma sexualité, j’avance mieux et j’ai confiance en moi, c’est une thérapie. Puis je suis fascinée par toutes les facettes de l’Etre humain. Enfin, j’aime la communauté libertine, elle s’informe et s’interroge sur sa sexualité, les échanges entre couples sur leurs pratiques et leurs émotions sont riches, les libertins sont curieux et joueurs.

    Nous arrivons au Cap d’Agde au début d’une fraîche après-midi et notre première impression est celle d’une imposture, est ce qu’on nous aurait vendu du rêve ? Le petit port est semblable à celui de n’importe quelle station balnéaire. Tout le monde est habillé de manière tout à fait classique. Ce Cap que nous imaginions grandiose c’est en réalité un minuscule quartier concentré sur un petit espace, une capsule. On se demande pourquoi ces barrières et cette carte d’accès, alors que nous ne voyons rien d’exceptionnel.

    Mais c’est justement dans cet espace petit, piétonnier et clôturé que nous allons avoir la sensation d’être comme dans une bulle et ce que nous allons y découvrir c’est un monde à part dans un espace parallèle. Depuis longtemps, beaucoup nous ont vanté une béatitude propre à ce lieu, c’est cela que nous sommes venus chercher et le soleil qui se couche va nous l’apporter. Peu à peu, l’atmosphère se charge d’une électricité fantastique, paradoxalement, les tenues s’allègent quand les températures baissent. Une grand-mère ordinaire habillée d’une robe de grand-mère ordinaire croise un play boy nu comme un ver.  Une réalité extravagante côtoie des images banales, c’est un ordinaire extraordinaire.

    Nous partageons un verre avec un couple croisé sur Wyylde, quand un homme muselé apparaît. Il est recouvert de latex et attelé à un sulky, il traverse la terrasse au petit trot dans une indifférence presque générale. Son jockey est une femme entièrement habillée de cuir noir, elle le fouette en riant. Nous nous sommes souvent régalés de ces vidéos incroyables de fétichistes qui organisent des concours hippiques d’humains déguisés en chevaux, ce soir nous avons cette réalité sous nos yeux et nous avons beau les frotter sans trop y croire, l’homme- cheval est bien devant nous.

    La nuit qui s’installe nous offre un spectacle de tous les possibles. Il règne dans les conversations, les regards et les effleurements, la liberté d’un monde extravagant. C’est une ambiance très différente du camping naturiste que nous fréquentons l’été ; là-bas, tout le monde est nu et personne ne regarde personne. Ici, c’est un éventail de tenues les plus folles. On ressent une électricité permanente, comme si la moindre étincelle pouvait tout enflammer, comme s’il n’appartenait qu’à nous de l’allumer. Nous sympathisons avec la jolie serveuse de la sandwicherie. Chaque jour, nous la retrouvons, elle nous accueille avec un sourire enjôleur. Elle sert en sautillant, en dansant et en dandinant son cul extraordinaire. Mon mari m’apparait dans un costume de dragueur- séducteur où je le reconnais à peine. Un soir, elle nous recommande son bar préféré, il promet que nous irons si elle nous y accompagne. Ce Cap a vraiment un effet incroyable ! Au restaurant de la plage, un couple inconnu vient nous complimenter sur notre physique. Nous sommes tellement décontenancés que nous n’avons pas la présence d’esprit de leur retourner leurs flatteries. Nous découvrons ce monde sans limite où chacun peut être lui-même afin d’exprimer ses envies, une boule magique pleine de surprises.  

    Progressivement, nous entrons dans le bain et sommes de plus en plus à l’aise. Je découvre la merveilleuse sensation de me promener à demie nue dans la rue. Les yeux brillants de fierté de mon mari m’enhardissent, au fil des jours, j’ose davantage, des robes aux larges pans qui découvrent totalement mes jambes, des mini jupes sans culotte qui volent au vent, aux transparences impudiques, je me libère.

    David est un habitué du Cap, il nous a donné une foule de conseils et nous a partagé son carnet de bonnes adresses. Ce soir, nous sommes au Waiki Beach, c’est un restaurant élégant : un patio géant borde une piscine bleutée, des palmiers, des lits à baldaquins pour flâner avec un cocktail coloré et des plats succulents. Mais le spectacle ne se limite pas au décor et aux assiettes, les tenues féminines sont époustouflantes. C’est presque inimaginable de manger à une belle table gastronomique les seins nus ou les fesses à peine voilées. Il semble que je sois la seule à m’étonner de la situation, apparemment personne ne trouve cela bizarre. Dans un raffinement délicieux, les femmes se dévoilent avec délicatesse et finesse, sans aucune vulgarité, dans des robes suggestives et très impudiques, c’est merveilleusement beau. J’ai commencé le repas avec une robe bleu nuit brodée de sequins, elle a la particularité d’être portée avec un caraco amovible, qui peut la rendre très sage ou très osée. Portée par l’ambiance luxurieuse et les encouragements de mon mari, j’accepte de dénouer la doublure du haut pour la rendre totalement transparente. Je vois ses yeux s’illuminer devant mes seins offerts à tous, je ne sais plus trop si je suis davantage fière de l’avoir osé ou heureuse de son regard amoureux et brillant de convoitise sur moi.

    Nous habitons un riad magnifique, c’est David qui nous a conseillé ce logement. Il est confortable, chaleureux, dans une ambiance marocaine où nous nous sentons bien. Chaque matin, un serveur invisible nous livre un délicieux petit déjeuner que nous savourons sous le soleil de la cour intérieure. Dans le spa, nos ébats s’alanguissent sous les caresses de l’eau et le friselis des larges feuilles des palmiers. Il n’y a pas d’autres occupants mais nous ne regrettons pas le côté convivial et festif que nous aurions eu à partager cette location avec d’autres libertins, nous nous régalons de notre douce tranquillité en espérant y revenir un jour avec nos amis. La présence de David, aurait donné à notre séjour une toute autre couleur, mais nous sommes heureux de mener cette découverte dans la tranquillité printanière, au seul rythme de notre couple, guidés néanmoins par tous ses conseils avisés.

    Les ruelles du Cap regorgent de robes fabuleuses. Poussée par l’enthousiasme de mon chéri, je cède à quelques essayages. Je m’aperçois qu’il n’y a pas de rideau à la cabine, alors je me cache maladroitement ma pudeur derrière sa silhouette. J’enfile une robe bleu Majorelle, ses yeux étincellent, j’estime qu’elle ne me va pas mais il insiste pour qu’elle soit mon cadeau d’anniversaire, je sens qu’il me trouve désirable alors je me laisse convaincre et savoure le bonheur de nos cœurs qui pétillent quand il glisse sa carte bleue.

    Les sollicitations sont diverses :  le site, les clubs, la plage et les bars foisonnent de jeux de regards et de séduction ou pas … Evidemment, mon chéri tient absolument à découvrir la plage mythique de la baie des cochons. Personnellement, la douce plage familiale où nous sommes me convient parfaitement, mais je cède à son exaltation. Je crains de ne pas percevoir les limites de ce lieu d’horreurs, d’y pénétrer sans m’en rendre compte et d’être aussitôt agressée par une meute d’hommes en rut. Mais en réalité, il est impossible d’y arriver par mégarde, impossible de ne pas être happée de plein fouet par ce show hors norme, en deux mètres on passe des châteaux de sable à un lieu de perdition.  Malgré mes appréhensions, je m’y sens en sécurité, personne ne vient nous importuner, je suis installée confortablement comme au spectacle : un ballet d’hommes se déplacent çà et là au gré des couples qui s’exhibent, ils évoluent sac sur le dos, serviette à la main comme des mouches sur la viande. Le troupeau masculin se grappent autour des coïts, parfois certains sont invités à prendre part, même si cette liberté sympathique me plait, les conditions sanitaires m’effraient. Près de nous, un mari accepte qu’un homme inconnu se joigne à lui pour doigter sa femme, tandis qu’elle le suce, je cherche où sont passés les tests IST. On entend juste le bruit des vagues, personne ne se parle, seule la communication gestuelle est entremetteuse. Mon chéri, qui d’habitude s’ennuie à la plage au bout de deux minutes, est devenu voyeur et émerveillé. 

    Ce soir, nous allons au Glamour. Je suis étonnement à l’aise, je rentre sans appréhension comme au Super U. C’est un club feutré et chic, tellement chic que les couples n’osent pas discuter. Il règne une ambiance peu chaleureuse, chacun semble scruter l’autre. Dans la rue, l’atmosphère est décontractée voire déjantée dans une convivialité bienveillante, c’est différent à l’intérieur. Nous décidons de partir à la découverte de l’espace câlin, c’est raffiné, la lumière est tamisée, agencé comme un labyrinthe, cela me plait. Il est encore tôt et tout est désert, nous visitons tranquillement. Mais dans l’espace trio, nous devinons dans l’obscurité la silhouette furtive d’un homme qui nous suit. Un peu pervers, un peu voyeur, il se faufile dans le dédale, je le vois peu mais je sens qu’il ne me déplaît. Je sens qu’il nous traque, je m’accroche au bras de mon chéri pour me protéger. Au détour d’une salle, nous découvrons un mur à trous, nous avons à peine le temps de sourire que brusquement, je vois tout près de moi, son sexe pendant par l’un des orifices. Je sursaute, je me cramponne à mon mari et affolée, je l’entraine vers la sortie.

    De retour au bar, calmée de mes émotions, nous sirotons une coupe en observant quelques couples qui se trémoussent sur la piste de danse.  Personne ne me plait, la musique est forte et désagréable, je me blottis amoureusement. Une jeune femme à l’éblouissante beauté est accompagnée par un vieil homme répugnant. Au-delà de la laideur de son corps, on ressent surtout la laideur de son âme. Les longs cheveux blonds de la belle flottent contre son costume de cuir de mauvais goût, elle danse maladroitement en tentant de ne pas le regarder pendant qu’il la bouffe du regard. C’est tellement triste, on aimerait l’exfiltrer et la consoler. Cette atroce vision finit de nous pousser au départ. Dehors, il pleut et nous avons du mal à retrouver notre chemin. Serrés l’un contre l’autre, nous errons dans les rues à la recherche du riad. Les talons de mes escarpins sont inadaptés à cette randonnée, je me déchausse. Je marche pieds nus dans les rues, nos cheveux sont ruisselants, nos cœurs amoureux, on a l’impression d’avoir dix-sept ans.

     

    Je suis merveilleusement heureuse de vivre ces aventures avec l’homme de ma vie et découvrir ensemble ce monde fabuleux. Il est mon meilleur ami, mon complice, mon partenaire pour la vie et je n’ai peur de rien avec lui. Être libre, c’est vivre avec lui, je suis comblée par notre complicité d’âmes.

    C’est le dernier jour. Bercée par le bruit des vagues, allongée sur le sable chaud, j’ai du mal à imaginer que demain je serai au travail. Ce ne sera pas un atterrissage dans le réel, ce sera un crash. Au moment du départ, je n’arrive pas à me résoudre à remettre des vêtements ordinaires, je monte en voiture avec ma tunique transparente. A Marsiac, nous avons perdu dix degrés depuis notre départ je dois enfiler ma robe et ma culotte, j’ai du sable dans les cheveux, je contemple mon mari qui conduit, je suis consciente de la chance que j’ai de vivre ces moments-là avec lui.

    En route pour le Cap !

    En route pour le Cap !

     

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  • Commentaires

    1
    Beuz
    Samedi 13 Mai 2023 à 08:16

    Une chance incroyable de vivre cela avec toi amour de ma vie ! de vivre avec toi tout simplement ! Cette robe te va juste merveilleusement bien. Quel bonheur de te lire, de te voir écrire, ton petit espace de liberté cool 

    ne t'arrête jamais d'écrire c'est si beau

    LOVE (il n'y a pas l'émoticone coeur) 

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