• Rêveries automnales partie 1

    Émancipation

    Être libertine c’est revendiquer son droit à un plaisir sexuel décomplexé, sans retenue, festif voire hardcore, assumer une bitch attitude au-delà du carcan sociétal, exploser son rôle de mère et d’épouse pour étancher une soif vicieuse. La chose est plus aisée pour les hommes, on admet volontiers un désir masculin purement sexuel, presque un symbole de virilité. La femme doit se convaincre que libertiner n’est pas anormal ou symptôme de déviance sexuelle. Elle doit faire un vrai travail sur elle-même pour affronter sa concupiscence envers un homme qui n’est pas son mari. Assumer la salope qui sommeille en elle et le vivre au grand jour est un défi.

     

     

    Evolution

    Les couples libertins vivent dans un désir évolutif. Les parcours sont variés et multiples. Les relations ne reposent pas uniquement sur le plaisir sexuel, il s’agit de rencontres humaines où des liens se tissent durablement, le physique compte mais la cérébralité prime. La dimension humaine est inspirante. J’aime notre libertinage joyeux et frivole, les relations sont fluides et légères. Nous aimons l’humilité pas l’arrogance, la bienveillance pas les exigences, l’optimisme pas les complications. Je déteste les caprices de stars aux exigences farfelues. Parfois monsieur conçoit le parcours initiatique de sa Belle en créant une fiche « princesse ». Nous participons volontiers et nous nous plions de bonne grâce aux injonctions de la reine d’un soir à condition que, passée cette période d’acclimatation, la relation évolue vers la prise en compte des souhaits et des désirs de tous.

     

    Déflagration

    Un soir, nous sommes contactés par un couple charmant. Au fil de la conversation, nous avons une surprise incroyable, nous découvrons que ce couple est en fait une femme seule. C’est étonnant et inhabituel. Il arrive fréquemment que des hommes se dissimulent derrière une fiche couple. C’est la première fois que nous débusquons une femme. Elle est ravissante, délurée presque effrontée, évidemment elle plait beaucoup à mon mari qui entame un actif rapprochement. Je m’intéresse peu à leurs échanges, j’ai confiance en lui, je sens qu’ils se rencontreront bientôt.

    Un jour, chez Picard, absorbée par les congélateurs, il m’annonce qu’elle souhaite découvrir les soirées d’Othello, j’écoute d’une oreille distraite. Elle désire que mon mari l’y accompagne. Sur le coup, cette nouvelle me laisse indifférente, puis peu à peu, un sentiment étrange germe en moi et un malaise m’envahit. Je réalise que quelque chose me dérange sans que je parvienne encore à le définir. Cette annonce me contrarie et une tension de plus en plus désagréable m’envahit au fil des heures. C’est une implication totalement différente de laisser mon mari dans une rencontre en duo et d’accepter qu’il participe à une grosse soirée. Dans celle-ci, il apparaîtra publiquement et officiellement au bras d’une autre que moi, dans un cadre où rien n’est maîtrisé, où j’ignore ce qui se passera et qui d’autre il rencontrera. Dans l’intimité secrète d’une chambre close, à l’abri des regards, j’assume mieux que mon mari s’envoie en l’air.  Le soir enfin, l’idée me percute : la limite de mon acceptable vient d’être franchie. Non, je n’autorise pas mon mari à se rendre à une soirée parisienne sans moi, c’est non négociable. Les soirées d’Othello sont notre domaine et ma chasse gardée. Je déclare que ce sera non. 

     

     

    Bénédiction

    Au bord de la Loire, il y a un couple, tellement amoureux, tellement pétillant, et tellement sexy que nous sommes enveloppés dans une joie de vivre extraordinaire. On se dit qu’on a de la chance d’être libertins et qu’ils le soient aussi. Quand on court les guinguettes ou les clubs, dans toutes les déclinaisons de nos rencontres, nous sommes choyés par leurs attentions pleines de délicatesses. Ils ne sont ni dans la consommation ni dans le dans l’exploitation, ils sont dans le partage.

    Elle porte le prénom le plus érotique du cinéma français et il semble avoir été créé pour elle. Elle est la force et le courage, la spontanéité et le naturel, elle croque la vie et en plus elle cuisine le dessert préféré de mon chéri : la tarte au citron ! Un jour, j’ai demandé à mon mari, tu la décrirais comment, alors il est parti dans une tirade dithyrambique, il a débité sans s’arrêter toute une liste de mots doux : cultivée, brillante, pétillante, authentique, naturelle, douce, joueuse, audacieuse… J’ai crié : Hep ! Hep ! Hep !  Stop ! Mais c’est vrai qu’elle est tout ça !

    Lui porte un prénom sorti de la rue Mouffetard dans une histoire de sauce tomate. Dès le premier regard entre deux cocktails, je frissonnais en tentant vainement de poser mes yeux sur les autres convives. Dès la première cigarette, je profitais de cette opportunité pour me glisser dehors avide d’intimité avec lui. Dès la première danse, l’attraction était là, vive et immédiate. Dans la volupté de nos corps et de nos sens, j’attendais, pleine de désir, l’instant où il s’emparerait de moi. Je n’aime pas les demies mesures et ceux qui s’économisent, lui est symbole de générosité, sa bouche gourmande et ses mains joueuses, il est de ceux qui se donnent de tout leur être et de toute leur âme. J’aime sa délicatesse et ses attentions, quand il se préoccupe de tout ce qui pourra me convenir et… me nourrir !  Notre premier baiser était un gigantesque pied de nez à nos religions ennemies. Quand il versait le thé à la menthe, je mesurais le pouvoir politique de nos sexes. Dans la nuit de l’été, sous les vibrations musicales de Rachid Taha, désirée, chevauchée et secouée par des vagues de jouissance et des rafales de plaisir, alors la paix s’étendait sur Gaza.

     

    Introspection

    Dans la société, le sexe reste dans l’ombre, on en parle librement et pourtant il est presque secret. Dans ce mutisme, le libertinage apparaît comme une transgression où j’affirme alors le droit à jouir du sexe sans limite. Mais l’intimité ce n’est pas le sexe, ce sont des rires et des confidences, où l’on peut enfin se montrer sans artifice, où l’on partage des moments légers et joyeux.

    Le potentiel érotique n’est pas dans une plastique parfaite mais dans le charme des visages. Mon désir se nourrit de ce que dégage les regards et les sourires, c’est là que je puise toute ma libido. La découverte des premiers clichés qui déclenche séduction et désir, les premiers échanges, les groupes de discussions pendant parfois plusieurs mois, puis le réel, stressant d’abord puis captivant, enfin parfois les amitiés. Est-ce un site pour baiser, pour maintenir le désir conjugal, le raviver ou tester son pouvoir de séduction ?

    Je n’aime pas les catalogues de visages floutés qui craignent d’être reconnus par leur famille ou leurs collègues. Parfois nos anciens partenaires de jeux, ayant trouvé l’amour dans les bras de Moldus, nous effacent soigneusement de leur vie. La morale réprouve ! Nous avons à cœur de ne jamais considérer nos complices comme des sex-toys, nous nous engageons toujours dans une relation humaine, bien au-delà des moments d’activité sexuelle et nous sommes souvent un peu dépités quand certains nous expulsent de leur vie comme des malpropres.

    Le monde libertin ce n’est pas un monde fantasque de pervers, un catalogue de plastiques parfaites ou d’accros du sexe, prêts à consommer au maximum. Loin de ces préjugés, ce sont de belles âmes qui donnent autant qu’elles reçoivent avec tendresse, sincérité et bienveillance.

    J’ai vécu des nuits de folie douce et des instants d’une intensité particulière, j’y ai réalisé mes rêves et mes fantasmes. J’y ai connu des rires, des complicités, des amitiés, des extases, des tourments aussi. Dans ce méli-mélo de personnalités hétéroclites, je me suis délurée et je me suis abandonnée. J’ai savouré des nuits blanches dans une liberté inédite, où rien n’est imposé, où chacun vous accueille sans jugement. J’ai rencontré des partenaires qui m’ont accompagnée sur le chemin d’une nouvelle jouissance et de mon épanouissement. J’ai exploré ma sexualité dans l’échange et le partage, j’ai parfois oublié mon plaisir pour nourrir celui d’un autre. J’ai eu le privilège de vivre des émotions exceptionnelles.

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