• Librement inspiré de faits réels ayant pu exister

     

    L’homme de ma vie est un être exceptionnel, je mesure chaque jour la chance que j’ai de vivre à ses côtés. J’aime toutes ses petites manies : quand il range sa quincaillerie pendant des heures alors qu’il n’utilise jamais sa caisse  à outils, j’aime quand il pousse des cris de douleurs alors qu’il vient à peine de frôler un meuble, j’aime quand je regarde le rendez-vous des filles et qu’il veut que j’achète toutes les robes, j’aime quand il vérifie dix fois si la porte est bien fermée, j’aime quand il caresse le chat en cachette alors qu’il prétend ne pas aimer les animaux, j’aime quand il tape « achat voiture » pour tester si internet fonctionne, j’aime quand il tente vainement de mettre la housse de couette, qu’il s’agace et finit par dire je m’occupe des oreillers plutôt, j’aime quand tout va mal et qu’il m’assure que tout va bien.

     

    Je suis entrée dans sa vie sur la pointe des pieds, il m’a convaincue que nous allions être heureux ensemble, je me félicite de lui avoir fait confiance. L’épouser est la meilleure décision de ma vie.

     

    J’étais un puzzle dont il a rassemblé les pièces. Il m’a cicatrisée, apaisée et assagie. Il est à la fois mon cadre sécurisant et mon grain de folie.  Avec lui, j’ai réalisé mes fantasmes de sexualité plurielle et affirmé ma féminité. Le temps passe, mais jamais je ne me lasse de notre alliance de plaisirs. J’aime caresser son torse, admirer son érection, me blottir dans ses bras et contempler son corps sous la douche. J’aime la nuit quand il n’appartient qu’à moi. Il est mon ami, mon confident, mon amant, mon trésor, mon mari.  

     

    Ce soir, il m’emmène au restaurant. Épicuriens, amateurs de tous les plaisirs de la vie des plus simples aux plus extravagants, nous aimons par-dessus tout, les très bonnes tables. Ce soir, notre ami Terry nous a installé dans notre petit coin préféré, celui où, à l’abri des regards, dans les pans de la nappe blanche, mon mari peut relever ma robe et caresser mes cuisses jusqu’à mon intimité dévêtue. Entre marinade à la coriandre et sauce au miel, je l’admire, lui, son torse fier, sa barbe douce et sa chemise blanche. Je sens ses mains coquines et audacieuses, entre excitation des papilles et chaleur intime, je savoure ce moment précieux.

     

    Mais, à la table voisine, un couple semble avoir remarqué notre petit manège. Ils nous sourient malicieusement, nous avons été démasqués. Ils sont élégants et raffinés. Elle porte un petit haut en fine dentelle bleu marine, j’aperçois juste ses escarpins car la nappe ne me découvre que ces chevilles, elle glisse sa main nonchalamment pour passer ses longs cheveux bruns d’un côté à l’autre. Lui dans sa chemise impeccable, dégage une sérénité et une bonne humeur délicieuse. Leurs jolies silhouettes nous émoustillent. Il caresse langoureusement la main de sa belle, elle nous adresse un tendre sourire, nous baignons dans une douce connivence.

     

    Puis elle se lève, je découvre la jolie jupe qui marque la finesse de sa taille. En passant près de notre table, elle laisse glisser furtivement une caresse sur mon bras comme par accident. Elle se dirige vers les toilettes, en me jetant un coup d’œil à la dérobée, je l’interprète comme une invitation à la suivre. Je gravis le petit escalier à sa suite. Beaucoup de tables sont occupées à l’étage, il est impossible d’être à l’abri des regards, je l’effleure à mon tour doucement, comme si je peinais à me faufiler dans cet espace pourtant spacieux. Dans le frôlement de nos corps, je sens son parfum fleuri et j’imagine la douceur de sa peau.

    Nous regagnons nos tables émoustillées et frustrées. Le repas se poursuit entre plaisirs des papilles et regards complices.

    Quand ils demandent l’addition, nous pressons notre ami Terry de préparer la nôtre également afin de pouvoir quitter la salle avec eux. Nous ignorons qu’elle sera la suite mais nous voulons goûter à la magie de cette rencontre imprévue et à la légèreté de cette folie passagère. Ils se lèvent, nous les suivons.

     

    A l’extérieur, nous sommes happés par le bruit et le foule, les bars déversent dans la rue leur trop plein de fêtards assoiffés. Après des mois, enfermés à huit clos, chacun s’enivre de ce retour de la liberté à la limite de l’overdose. Dans la cohue, nous craignons de les perdre, mais ils nous jettent des petits coups d’œil furtifs pour vérifier que nous sommes toujours là. L’adrénaline monte. Nous nous écartons de cette rue populeuse, nous voici dans une petite ruelle pavée calme et déserte. Nous marchons près d’eux maintenant dans cet instant où tout est possible. Puis brusquement, presque simultanément, les deux hommes nous enlacent tendrement. Dans ce point de non-retour, où tout nous échappe, nous basculons vers l’abandon de nos corps et de nos âmes. Vulnérables aux tentations, nous préférons succomber plutôt que de regretter. Le seul moyen d’être délivré c’est de céder. Alors nous nous délectons du hasard de cette rencontre imprévue, de la magie de ces baisers volés et de l’apesanteur féerique qui nous envahit. Dans cette rue illuminée par la nuit, il y deux couples qui s’embrassent fougueusement et ni les uns ni les autres ne connaissent leurs prénoms.

     

    Les étreintes laissent place aux murmures, nous découvrons leurs voix pour la première fois. Mon chéri et moi regrettons de ne pas avoir de lieu plus intime et plus confortable pour exprimer nos envies du moment, notre marmaille occupe la maison. Ils proposent de nous accueillir chez eux et justement, ils habitent à deux pas ! En haut d’un très bel escalier verni, leur appartement offre une vue splendide sur le cœur de la ville. Accueillis par des bulles légères, au clair de lune d’une rotonde, dans un cadre délicieusement raffiné, nous faisons connaissance. Ils sont libertins, on s’en doutait, on l’espérait. Ils sont joyeux et chaleureux, amoureux et plein d’énergie positive. En s’asseyant près d’eux dans la pénombre du salon, il nous tarde déjà de voir des ombres licencieuses apparaître. Nous nourrissons nos esprits et nos anatomies dans une émotion en équilibre. Il a retiré mes chaussures et caresse tendrement mes pieds. Je sens son parfum délicat en me rapprochant de lui. J’aperçois sa divine épouse dans les bras de mon mari. Tout semble naturel et évident, le superficiel et l’artificiel sont abandonnés. Nous aimons ces rencontres authentiques au-delà de nos imperfections et de nos fragilités.

     

    De fous rires en caresses, de baisers tendres en baisers fougueux, la température monte. Il dégage mon sein et l’embrasse doucement, c’est si bon. Il m’allonge sur le tapis, relève ma robe, mon absence de culotte ne le surprend pas, il embrasse mon sexe avec une infinie délicatesse. Elle est allongée sur le canapé, je découvre sa poitrine fabuleuse sous les doigts de mon mari. Elle me rejoint et m’embrasse, nous déboutonnons la chemise de son homme et mêlons le vernis rouge de nos ongles sur son torse, nous accueillons dans nos bouches gourmandes son membre viril. Ils nous entraînent dans la chambre, nous débarrassons à la hâte la multitude d’oreillers et de coussins pour étendre nos corps bouillonnants. Je sens dans mon dos son sexe gonflé de désir, j’admire les seins extraordinaires et la courbe des fesses de sa chérie tandis qu’elle suce mon mari. Les deux hommes sont debout devant moi maintenant, je contemple leurs belles érections fières, je m’en délecte tour à tour, ma bouche passe de l’une à l’autre, je les déguste, je les lèche, je les respire. Puis je m’allonge contre elle, son corps chaud collé au mien, les hommes nous emportent dans une levrette endiablée. J’adore ce moment de plaisir partagé, accrochée à elle, nous vibrons de secousses communes, je ressens ses émotions liées aux miennes dans un désir à l’unisson.

     

    Lui, est partenaire idéal. Très à l’écoute, il s’adapte à mon plaisir. Il me tient dans ses bras et me pénètre doucement au rythme que j’aime. Il plonge dans mon regard, chuchote des mots que je ne comprends pas, j’acquiesce malgré tout, je sens sa verge l’extrémité de mes lèvres, il me sourit et me bascule à la renverse dans un plaisir à la lisière de l’extase. Dans une nébuleuse concupiscence, nous sommes enlacés, emmêlés, entremêlés et fusionnés. Il caresse ma joue, elle est debout, mon mari la prend fougueusement. Nous nous noyons dans une jouissance multiple et salvatrice, nos esprits connectés à nos cœurs et nos corps liés à la nuit. Accoudés au balcon, nus face aux étoiles, nous savourons un délicieux champagne et ce feu d’artifices d’ébats sulfureux. Merci à la vie qui nous offert cette parenthèse improvisée où nous avons goûté leurs sourires, assouvis nos envies et touché leurs âmes. Nous rentrons sous la lune douce, le cœur léger.

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  • Commentaires

    2
    Chambord
    Mardi 27 Juillet 2021 à 20:03
    Tes textes sont sublimes... et toi tellement plus !
    1
    Chambord
    Samedi 24 Juillet 2021 à 10:02
    La fameuse rotonde,
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