• Et les sentiments dans tout cela ????

    Elle s’appelle Sarah. Nous nous sommes rencontrées, il y a plusieurs années lors d’une soirée à quatre qui n’a pas fonctionné. C’est dommage, car dès le premier rendez vous Sarah m’a fascinée. Cette soirée au goût d’amertume a achevé notre relation avec nos hommes, néanmoins nous avons continué à nous voir toutes les deux. Dans la quiétude de son petit salon cosy et douillet, nous nous sommes retrouvées, caressées et cajolées. Surement pas suffisamment à son goût, mais je n’étais pas prête à m’engager dans une relation avec une femme. Autant je me délecte des plaisirs saphiques, autant l’exclusivité féminine ne me comble pas, j’ai besoin du corps d’un homme toujours et à chaque fois. La virilité est l’essence même de ce qui me fait vibrer, le corps d’une femme ne me suffit pas. Néanmoins, celui de Sarah continue de m’émouvoir inlassablement. J’aime son sourire, ses cheveux bouclés, sa voix douce et sa grâce naturelle. J’évite de la croiser à son travail car une irrésistible envie de la serrer dans mes bras s’empare de moi. Parfois au détour d’une rue ou dans un café, nous nous retrouvons. A chaque fois, c’est une émotion violente. L’effet de surprise, son charme délicat et son attitude ambivalente me retournent l’esprit. Entre tendresse et déception, elle porte un goût d’inachevé.

    Elle s’appelle Angélique. Mon mari partant en déplacement dans l’est de la France quelques jours, j’avais cherché pour lui une baby sitter. Angélique était parfaite : belle physiquement et brillante intellectuellement, le cocktail idéal. Nous avons beaucoup échangé, avant et après leur rencontre. Tout nous liait, j’adorais ce qu’elle était, sa liberté, sa légèreté et sa sensualité. Nous partagions mon mari mais aussi davantage, notre vision du monde, nos lectures et nos fantasmes. Les quelques jours qu’elle vint passer chez nous furent une parenthèse enchantée. Les longues discussions sur le canapé succédaient aux jeux culinaires, puis la fièvre s’emparait de nous et les corps à corps nous enflammaient. Le matin, mon chéri et moi, nous nous glissions dans son lit pour la réveiller doucement, nous lui faisions l’amour une dernière fois avant de partir travailler, la tête dans les étoiles. Nous sommes allés la rejoindre à Strasbourg, lors d’un merveilleux week end, tout était si excitant. J’admirais mon mari lové contre elle, ils dormaient serrés l’un contre l’autre, une tendresse infinie nous liait. Puis, peu à peu, Angélique a eu de nouvelles idées, des envies de polyamour, des envies de déménagement pour se rapprocher de nous et des envies de bébé aussi. Brutalement, nous étions passés dans une autre dimension, une projection qui ne nous convenait pas. Nous étions comblés de la relation que nous partagions tous les trois mais en aucun cas, nous ne souhaitions la faire évoluer de cette manière. J’adorais partager mon mari sexuellement mais il était hors de question d’envisager une relation amoureuse et encore moins une paternité. Nous avons tenté de lui expliquer que nous ne pouvions pas lui offrir davantage qu’une amitié érotico libertine. Nous étions désolés que notre attitude ait pu lui laisser croire à autre chose mais c’était inenvisageable. Elle a décidé de cesser toute relation avec nous, nous n’avons plus jamais eu de nouvelle. C’était violent de vivre des moments d’une telle intensité et de les voir s’arrêter brutalement. J’ai imaginé son chagrin, sa déception, sa colère contre nous surement, tout cela est infiniment triste.

    Ils s’appellent Sophie et Paul. Nous nous sommes aimés, adorés, adulés puis tout s’est arrêté. Nous avons fêté les anniversaires, les réveillons et même la coupe du monde. Nous avons voyagé, glissé sur les pentes et nagé dans les vagues. Nous avons joué, couché et pleuré ensemble. Nous nous sommes embrassés, léchés, sucés, nous nous sommes manqués aussi. Nous avons crié de joie en nous retrouvant, de plaisir en jouissant et de colère en nous quittant. Nous avons parcouru les clubs libertins et les soirées multis. Nous avons été emportés dans un tourbillon de tendresse, bercés par des avalanches de caresses et détruits un soir de juillet. Nous avons partagé la plus belle des amitiés érotico libertines, elle nous a nourri et porté pendant plusieurs années. Nous avons rêvé des scénarii et remué l’agenda pour les réaliser. Puis nous nous sommes quittés mais pas oubliés.

    Être libertin c’est dépasser les limites sexuelles de la société certes, néanmoins, cela ne légitime pas tout. L’empathie et la bienveillance restent des valeurs primordiales. Le respect de l’autre, de ses faiblesses et de ses fragilités demeure la ligne de conduite. Nous aspirons à prendre soin de nos partenaires humainement, aussi. Un jour, nous avons fait de la peine à Laura. Ce n’était ni intentionnel, ni conscient, malgré tout, nous l’avons blessée. Au-delà même, de notre compréhension de sa douleur, de la part que nous y avons joué ou pas, nous avons participé malgré tout à son mal être. Nous nous sommes excusés, nous l’avons consolée et cajolée. L’esprit libertin n’excuse rien et ne permet pas tout. Nos partenaires de jeu sont avant tout des êtres humains fragiles parfois vulnérables. Les réactions et les ressentis sont propres à chacun, parfois incompréhensibles pour les autres mais à respecter malgré tout.

    « Côté face Clara fête son anniversaire ! »

  • Commentaires

    3
    S&P
    Jeudi 19 Novembre 2020 à 21:10
    Nous ne vous avons pas oubliés non plus simplement quittés un mois de Juillet
    2
    Bruneetlui
    Mardi 10 Novembre 2020 à 05:10

    C'est aussi tout simplement l'écho de la vie. Avec ses joies et tristesses. Amplifié par la beauté des sentiments et pulsions de chacun. La vie n'est pas un long fleuve tranquille et nécessite une empathie permanente envers chacun et envers soi. Le libertinage n'est qu'un écho augmenté de la vie du quotidien ?

    1
    Chambord
    Jeudi 5 Novembre 2020 à 16:23
    Beaucoup de tendresse, de respect et de sagesse et toujours aussi agile dans ta sémantique... j'adore
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